Par un froid matin de janvier, sur un parcours de golf situé à 50 km du centre-ville de Chicago, Jeff Brinkman façonne un tee avec de la neige fraîchement tombée. Dur comme une boule de neige, le tee soutient sa balle pendant qu’il cherche le vert des yeux. Finalement, il prend son élan et la balle s’envole. Certes, son coup est bon… mais retrouvera-t-il sa petite balle dans la neige ? Ça, c’est une autre paire de manches. « N’insistez pas trop quand même dans votre article sur toutes ces balles perdues », me prévient-il en riant.
Jeff Brinkman est au Cog Hill Golf and Country Club, à Lemont, en Illinois, avec trois autres compères. Ce passionné aime tellement le golf qu’il s’y adonne toute l’année, même en plein hiver. « Notre quatuor apprécie la quiétude », ajoute-t-il.
En hiver, la plupart des golfeurs préfèrent s’envoler vers des cieux plus cléments, où il fait chaud et où les verts sont encore verts. Mais, pour le vrai mordu, un court voyage dans le Sud n’est pas suffisant pour assouvir sa passion. C’est en pensant à ce joueur qui n’a pas froid aux yeux que certains terrains au Canada et aux États-Unis restent ouverts pendant la morte saison.
C’est en pensant à ce joueur qui n’a pas froid aux yeux que certains terrains au Canada et aux États-Unis restent ouverts pendant la morte saison.
Auparavant, seuls les purs et durs pratiquaient le golf d’hiver, souligne Jeff Rimsnider, professionnel en titre au Cog Hill depuis 27 ans. Longtemps le seul terrain de golf où jouer hors saison, le Cog Hill possède maintenant plusieurs compétiteurs dans la région. Ce terrain possède quatre parcours de championnat, dont deux restent ouverts toute l’année, « aux prix doux d’automne », précise M. Rimsnider.
Le premier dimanche de janvier, le Cog Hill accueille l’Eskimo Open, qu’il pleuve ou qu’il vente, qu’il fasse soleil ou tempête. Peu importe la météo, l’événement attire toujours une foule respectable, rapporte M. Rimsnider. L’an dernier, 185 participants ont pris le départ, et une équipe de télé est venue couvrir le tournoi. « Après, on s’organise un sympathique repas de chili », ajoute-t-il. Si le temps était doux en 2013, certaines années les golfeurs ont joué dans plus de 30 cm de neige. Évidemment, plus il y a de neige, plus il est difficile de jouer. « Il arrive souvent que les golfeurs ne finissent pas la partie, uniquement parce qu’ils n’ont plus de balles dans leur sac ! » s’esclaffe M. Rimsnider.
Les règlements
Naturellement, à cause des conditions climatiques, il est plus compliqué de suivre les règlements officiels à la lettre. « En hiver, on devient plus indulgents, affirme M. Rimsnider. Entre autres, il n’y a pas de pénalité si on perd sa balle. Et, sur le vert, il suffit de réussir deux coups roulés pour que ce soit considéré comme un trou joué. »
L’hiver force certains joueurs à faire preuve de créativité. L’as du golf du Cog Hill se rappelle d’un golfeur qui emportait une réglette qu’il plantait sur le terrain. Ensuite, ses coéquipiers n’avaient qu’à s’en approcher le plus possible, plus besoin d’entrer la balle dans le trou.
Les joueurs
Qui donc est assez fou pour jouer au golf lorsque le mercure chute sous zéro ? En général, ce sont des amateurs de paisibles grands espaces. Tous les dimanches, avant la partie des Chicago Bears, un quatuor joue au Cog Hill, car c’est très tranquille. « À vrai dire, il est peu probable de croiser un autre groupe sur le terrain, ajoute Jeff Brinkman, on est habituellement les seuls ! »
Bien qu’il aime la solitude du golf hors saison, Jeff Brinkman apprécie aussi la camaraderie et le défi supplémentaire qu’entraînent les conditions hivernales. Avec ses trois amis, il joue chaque semaine pour une bouteille de scotch. Contrairement à l’été, les pointages sont serrés. « L’hiver est un bon facteur égalisateur », ajoute le golfeur des neiges.