La semaine sur les marchés –
10 novembre 2023

La séquence gagnante de huit jours du S&P 500 prend fin alors que le changement de position de la Fed secoue les marchés

• Les investisseurs en actions et en taux continuent de parier que le cycle de hausse est terminé, mais la Fed n’est pas sure d’en avoir fait assez pour lutter contre l’inflation.
• Les stocks américains et la baisse de la demande mondiale pèsent sur les prix du pétrole.
• Le consommateur américain est confronté à des paradoxes. Les emplois sont plus longs à trouver et les soldes de cartes de crédit impayés sont en hausse, pourtant les dépenses de voyage et de loisirs demeurent élevées.

Les récents commentaires du président de la Réserve fédérale américaine (la Fed), Jerome Powell, ont mis un terme à huit jours de hausse consécutive du marché boursier américain. Revenant à une position politique plus affirmée, M. Powell a réitéré l’engagement de la Fed à resserrer davantage sa politique monétaire si nécessaire. S’il peut sembler que la Fed change constamment d’avis, il s’agit en fait d’une réponse stratégique à l’évolution des conditions du marché, plutôt que d’indécision. La Fed apporte des ajustements en fonction des réactions du marché et des indicateurs économiques. À la suite du dernier discours de M. Powell, les conditions de crédit se sont nettement améliorées et les attentes du marché à l’égard des taux d’intérêt futurs ont considérablement diminué. En adoptant tour à tour une position accommodante (favorable à des taux d’intérêt plus bas) et une approche plus ferme, le président de la Fed peut ainsi stabiliser les fluctuations rapides du marché et empêcher les taux d’intérêt de tomber trop bas, simplement par ses déclarations publiques. Les discours de M. Powell ne sont pas simplement informatifs; ils font délibérément partie intégrante de la stratégie de politique monétaire de la Fed. Néanmoins, cette position, ainsi que ses commentaires sur le marché du travail et la croissance du PIB, n’ont pas correspondu aux attentes du marché, ce qui a entraîné une pression à la vente accrue tant sur les actions que sur les obligations.

En même temps, une adjudication d’obligations du Trésor à 30 ans d’une qualité historiquement médiocre a exacerbé les inquiétudes du marché, affichant un certain risque et un ratio offre/couverture plus faible, ce qui est l’indication d’une demande réduite pour la dette américaine à long terme. Cet événement a été compliqué par des rapports faisant état d’une attaque de pirates informatiques sur la plus grande banque chinoise, ICBC, qui a perturbé ses règlements sur le marché du Trésor américain et pourrait avoir eu un impact sur l’adjudication. Ces facteurs, combinés aux remarques de M. Powell, ont entraîné une baisse généralisée des marchés boursiers et un renforcement du dollar américain.

Les prix du pétrole ont poursuivi leur tendance à la baisse, atteignant leur plus bas niveau depuis quatre mois. Ils ont été influencés principalement par les inquiétudes concernant le ralentissement de la demande mondiale et les stocks en baisse aux États-Unis. Ce déplacement des préoccupations du marché, qui se sont détournées du conflit Israël/Hamas, a attiré l’attention sur les signes de décélération de la croissance mondiale. Contribuant à la pression à la baisse sur les prix du pétrole, les données privées sur les stocks d’énergie aux États-Unis ont révélé une augmentation significative de 11,9 millions de barils dans les stocks de brut. Ces données ont fait l’objet d’une attention particulière car la publication officielle de l’Energy Information Administration (EIA) a été reportée en raison d’une maintenance du système. En outre, la dynamique de l’offre a été affectée par les développements au Moyen-Orient et en Russie. Des rapports indiquent que le gouvernement irakien discute de la reprise des flux de pétrole par l’oléoduc d’exportation de l’Irak vers la Turquie, ce qui serait déterminant pour l’approvisionnement mondial.

Les résultats de TripAdvisor et de Disney ont démontré que les dépenses dans le secteur des voyages et des loisirs demeurent importantes. Les deux entreprises ont réitéré la force de ce segment dans leurs activités lors de la diffusion de leurs résultats cette semaine. Cependant, si les dépenses de consommation dans le secteur des voyages et des loisirs restent élevées, le marché de l’emploi et la stabilité financière posent des problèmes sous-jacents. L’écart entre les embauches et les licenciements se creuse. Les demandes d’indemnités permanentes ont atteint leur niveau le plus élevé depuis avril, ce qui indique un ralentissement de l’embauche. Dans le même temps, les soldes impayés de cartes de crédit ont dépassé leurs niveaux d’avant la pandémie. Cette situation reflète un paysage économique complexe où la vigueur des dépenses coexiste avec l’augmentation des pressions sur l’emploi et les finances.

Écoutez le balado de cette semaine pour d’autres réflexions.