Aventurez-vous et tapez « rivière Dorado-Warmi » dans Google… vous n’obtiendrez qu’une vingtaine de résultats pour cet étroit affluent péruvien de l’Amazone, qui serpente à partir du Yanallpa. Selon mes critères, ça en fait l’un des derniers territoires inexplorés de la planète. Ce que je suis d’ailleurs allée confirmer de visu, lors d’une croisière au Pérou, où j’ai vu des familles de douroucoulis aux grands yeux et tellement d’espèces d’oiseaux qu’il m’a été impossible de les compter. Néanmoins, je n’ai aperçu aucun humain à l’horizon ! Sauf les 16 autres passagers et 21 membres d’équipage embarqués sur le M/V Aqua.
Parions que ces images amazoniennes ne sont pas les premières qui vous viennent à l’esprit quand on parle de croisière. Selon l’American Affluence Research Center – qui scrute les habitudes de consommation du 10 % d’États-Uniens les plus fortunés –, l’intérêt pour les croisières a atteint un creux historique, tendance sans doute accentuée par tous les accidents qui ont fait les manchettes dernièrement. De toute façon, pour une certaine classe de voyageurs, ces croisières aux buffets gargantuesques, aux spectacles clinquants et aux glissades d’eau vertigineuses n’ont jamais été attrayantes. « Les paquebots sont pour les vacanciers friands de complexes touristiques », affirme Anne Campbell, auteure de plusieurs numéros du Fielding’s Guide to Worldwide Cruises. « Oui, les passagers débarquent dans certains ports, mais toute l’expérience repose sur la vie à bord du navire, sorte de mégacomplexe hôtelier des mers. »
Si ces odyssées traditionnelles vous laissent de glace, sachez qu’il existe des solutions de rechange. Un nombre grandissant d’entreprises offrent maintenant des croisières intimes, à bord de petits bateaux de grand luxe.
Si ces odyssées traditionnelles vous laissent de glace, sachez qu’il existe des solutions de rechange. Un nombre grandissant d’entreprises offrent maintenant des croisières intimes, à bord de petits bateaux de grand luxe. L’Aqua, depuis lequel j’ai croisé mes douroucoulis, loge un maximum de 24 passagers dans de spacieuses cabines – lesquelles avec leur superficie frôlant le 22 m2 surpassent largement celles qu’on trouve sur les villes flottantes de Carnival Dream. Avec ses murs vitrés, ses salles de bain en marbre et sa déco raffinée, l’Aqua évoque le chic hôtel-boutique, tandis qu’avec son modeste 40 m il se glisserait facilement dans l’une des piscines qui abondent sur les géants des mers. Quant à certains petits croisiéristes, de la trempe de Silversea, ils n’embarquent que quelques centaines de passagers, sur des navires 10 fois plus petits que les paquebots de croisière habituels. Dans les deux cas, l’expérience d’un plus petit navire fait fondre préjugés et idées préconçues qu’on propage sur les croisières.
Cadre dans le secteur touristique à Whistler, la Britanno-Colombienne Kristine George n’avait jamais songé partir en croisière. Mais, en 2007, son mari de l’époque ayant remporté un voyage, elle s’est retrouvée à bord du Wind Surf – un grand voilier du croisiériste de luxe Windstar. Bien que le vaisseau ait accosté à des ports connus, tels que Sainte-Lucie et Saint-Martin, il a surtout fait escale dans de petites îles, presque toutes inaccessibles aux navires de ligne.
Selon Mme George, les grands ports, plus achalandés, « sont beaucoup trop touristiques et tapageurs, en plus d’être configurés pour accueillir de pied ferme les flots de passagers que déversent les navires de croisière ». Alors que les petites escales engendrent une expérience voyage différente. « À Saint-Barthélemy, on a dû se débrouiller seuls pour louer une voiture. Puis, on est partis explorer la région à notre rythme, ce qu’on a adoré, même si on s’est perdus. » En plus, une fois de retour à bord, le couple a partagé ses anecdotes de la journée avec les autres passagers (et vice versa). Les conversations auraient été certainement moins intéressantes, si tout le monde s’était fondu dans le même moule et vécu la même expérience préfabriquée, formatée pour les gros navires.